L’arrache-coeur, Boris Vian
Boris Vian est un auteur talentueux mais assez particulier, il faut bien en convenir. J’ai donc tenté de relire un de ces romans, qui s’intitule L’arrache-coeur. J’avais lu le livre à l’époque au lycée, par « obligation » et j’avais eu dû mal. Est-ce toujours difficile aujourd’hui ? Nous allons le voir !
° L’histoire (quatrième de couverture) :
« Voilà un coin de campagne où l’on a de drôles de façons…
La foire aux vieux, par exemple.
Curieuse institution ! On sait bien aussi que tous les enfants peuvent voler comme des oiseaux dès qu’ils étendent leurs bras – mais est-ce une raison suffisante pour les enfermer derrière des murs de plus en plus hauts, de plus en plus clos ?
Le psychiatre Jacquemort se le demande – puis ne se le demande plus, car il a trop à faire avec la honte des autres, qui s’écoule dans un bien sale ruisseau.
Mais nous, qui restons sur la rive, nous voyons que Boris Vian décrit simplement notre monde.
En prenant chacun de nos mots habituels au pied e la lettre, il nous révèle le monstrueux pays qui nous entoure, celui de nos désirs les plus implacables, où chaque amour cache une haine, où les hommes rêvent de navires, et les femmes de murailles. »
° Mon avis :
Boris Vian écrit vraiment bien, et les passages de descriptions, pour ceux qui y sont sensibles, sont vraiment magnifiques.
Je vous l’accorde, le style est plus que spécial, voire un peu déconcertant. Puis pour rentrer dans l’histoire… il faut vraiment s’accrocher ! J’ai eu mal fou personnellement et ce sentiment ne m’a jamais vraiment quitté.
Concernant l’histoire en elle-même, elle est assez étrange !
Mais quelques réflexions peuvent néanmoins se dégager si on s’en donne la peine :
– L’auteur porte un regard sur la femme enceinte qui ôterait à toute femme l’envie d’avoir des enfants. Dans son roman, le lecteur comprend que la femme enceinte passe son temps à souffrir, pas très réjouissant n’est-ce pas ?
Du coup, le fait d’avoir souffert lui donne des droits sur ses enfants – plus que son mari : elle peut vouloir les élever de façon dure et pas lui, qu’importe, elle a souffert, donc elle décide ! En effet, la mère saurait mieux que le père ce qu’il y a de « mieux » pour ses enfants.
– L’auteur porte aussi un regard trop critique (à mes yeux) sur les personnes âgées : elles seraient mal habillées, sentiraient mauvais, auraient toutes des bouches édentées, etc.
– Le lecteur peut aussi se rendre compte de l’importance de l’église à l’époque, d’ailleurs quelle est sa place aujourd’hui ?
– En outre, dans un couple, l’un des conjoints est-il forcément tenté d’aller voir ailleurs à un moment ou à un autre ?
De plus, le personnage de Jacquemort est le plus curieux d’après moi. Son but au début du roman est de psychanalyser quelqu’un. Et lui qui assistait au début à la foire aux vieux et qui était choqué des pratiques faites dans le village, semblera se fondre dans la masse au fil du temps ; comme quoi rien n’est figé, tout change.
Concernant Clémentine, elle a beaucoup souffert durant sa grossesse. Elle entretient également des drôles de relations avec son mari, Angel. Ce dernier a par exemple été enfermé durant deux mois dans sa chambre suite à la grossesse de sa femme !
C’est une mère qui aime certainement ses enfants, mais je dois avouer que sa façon de faire m’a plus choquée qu’autre chose. Cette mère trop protectrice a peur qu’il arrive malheur à ses enfants, mais ses peurs vont trop loin. Afin de les éloigner le plus possible d’éventuels danger, elle passe, entre autres, par faire enlever les arbres de son jardin.
Si vous aimez le style de l’auteur, allez-y ! Figures de style et jeux de mots sont au rendez-vous. Mais si vous avez peur de trouver son style étrange, je ne vous recommande pas ce roman.
° Maintenant, place à quelques questions, si vous le voulez bien :
– Avez-vous lu ce livre ?
– Quel regard portez-vous sur une femme enceinte ?
– Quel regard portez-vous sur une personne âgée ?
je n’avais pas du tout aimé « L’écume des jours », le seul titre de Vian que j’ai lu et je ne pense pas en lire d’autres… ceci dit, je reconnais que celui ci paraît intéressant!
Il y a quelques années déjà j’avais lu l’écume des jours et j’irai cracher sur vos tombes et je me souviens avoir bien aimé sur le coup -même si maintenant je ne m’en souviens absolument
plus – Je regarderai peut être celui là quand ma pile à lire aura un peu diminué !
En tout cas très belle chronique, tu dégages des pistes de réflexion intéressante !
Boris Vian, un auteur que j’adore ! Les questions que tu soulèves sont intéressantes parce qu’après avoir lu l’arrache-coeur, évidemment, on n’a pas le même regard. La foire aux vieux par
exemple, ça m’a marqué… Je ne sais pas trop quoi répondre du coup, sans faire une dissertation dessus :/
En effet il écrit merveilleusmeent bien, mais alors il ne faut pas être sensible!
J’ai lû « j’irai cracher sur vos tombes » et j’ai dû m’arrêter tant c’était hard!
Je confirme un auteur talentueux mais particulier!
Personnellement j’ai lu ce roman, il y a quelques temps déjà et je garde qu’un vague souvenir…
J’ai également lu « Les morts ont tous la même peau » sous son pseudo Vernon Sullivan, mais aussi « En avant la zizique », « Je voudrais pas crever ».