Mes chères études, Laura D.
Salut tout le monde,
J’ai lu récemment un livre choc mais oh combien intéressant ! Le sujet central est délicat, donc âmes sensibles, s’abstenir.
J’ai souhaité lire ce récit pour m’informer d’un problème de société dont très peu ont entendu parler. J’espère que vous aussi, vous serez sensibles au problème.
° Les informations techniques.
– Titre du livre : Mes chères études. Etudiante, 19 ans, job alimentaire : prostituée.
– Auteur du livre : Laura D.
– Édition : J’ai Lu.
– Genre : témoignage.
– Nombre de pages : 254 pages.
– Date de publication : février 2009.
°Résumé du livre (quatrième de couverture) :
«Je m’appelle Laura, j’ai 19 ans. Je suis étudiante en langues vivantes et je suis obligée de me prostituer pour payer mes études».
«Issue d’un milieu modeste, Laura part faire ses études dans une grande ville française. La vie est chère, les aides sociales difficiles – sinon impossibles – à obtenir, et les horaires des petits boulots s’accordent bien mal à ceux de l’université.
Le cercle de la précarité se resserre, Laura ne semble plus avoir d’autre choix que d’abandonner ses études. Un soir, surfant sur Internet, elle découvre un type d’annonces très particulier : les «rencontres vénales». Poussée par un besoin impératif d’argent, elle répond à une offre… En un clic, sa vie bascule dans le monde infernal de la relation tarifée.
Laura n’est pas seule à se battre avec cette sombre réalité.
Des milliers d’étudiantes sont enfermées dans une vie qu’elles n’ont pas choisie.
En osant dévoiler son histoire, Laura espère lever l’un des grands tabous de notre société».
°Mon avis :
– Comme le dit la postface du livre sur la prostitution, puisque c’est ce dont il est question, «il faut ouvrir les yeux et réagir» (Page 7).
– Dans ce livre, Laura D. explique au lecteur qu’elle est obligée de se prostituer pour pouvoir financer ses études.
– En lisant ces lignes, j’ai été très choquée. Mais ce qui vous frappera peut-être également, c’est que Laura dit ne pas être la seule dans ce cas. En effet, 40 000 autres personnes se prostitueraient en France pour financer leurs études (Pages 11 et 231).
– La véritable question qu’un tel texte soulève serait alors de comprendre comment des étudiantes peuvent en arriver là. Pourquoi n’ont-elles pas le droit à des bourses et à des aides au logement ? Comment, à l’heure actuelle, peut-on laisser des femmes dans une telle souffrance ? «La prostitution et ses tarifs faramineux sont une tentation bien trop grande lorsque l’on manque d’argent et qu’il faut le trouver dans l’urgence» (Page 12). L’urgence est bien le terme adéquat, puisque ces étudiantes n’ont pas d’autres solutions pour s’en sortir.
– Laura est pourtant ravie d’aller s’inscrire en première année de LEA d’italien-espagnol (Langues Etrangères Appliquées). Les bâtiments du campus n’ont rien d’exceptionnel, mais ça lui importe peu. Elle a cette envie d’apprendre et c’est très touchant.
– Elle aurait préféré étudier dans une école de commerce pour faire du marketing, mais faute de moyens, c’est à l’université qu’elle voit désormais son avenir.
– Les parents de Laura n’ont pas beaucoup de moyens, mais ils ont économisé assez longtemps pour lui payer son année universitaire. Mais malgré les faibles revenus de ses parents, Laura n’a pas le droit à une bourse : «Je n’ai pas droit aux bourses, car je fais partie de ces innombrables étudiants qui se trouvent dans la fourchette fatale : très loin de ce que l’on peut qualifier de riches, pas assez pauvres pour recevoir des aides étudiantes» (Page 18).
– Le système administratif de l’université est également brièvement évoqué, et c’est bien le seul passage du livre qui vous détendra un peu : «J’ai là un premier aperçu de la vie estudiantine, qui se résume souvent à attendre des heures devant des guichets administratifs» (Page 19).
– Mais comment Laura a-t-elle pu tomber dans cet engrenage ? Laura est étudiante, mais elle fait également des petits boulots. Soit elle est à l’université, soit elle travaille. Mais son entreprise l’exploite et ne lui paye pas toujours ses heures supplémentaires.
– N’imaginez pas qu’elle se contente de cette situation, car elle est toujours en quête d’un autre travail, qui lui permettrait d’avoir des fins de mois moins difficiles. Mais force est de constater qu’elle ne trouve pas d’autre travail, et qu’elle n’arrive plus à gérer sa situation.
– Une nuit, Laura se trouve dans une sorte de transe, et voyant les factures s’accumuler, c’est en surfant sur Internet qu’elle va rentrer dans cette spirale : «Ne pas penser, Laura, tape juste ces foutus messages et tu sortiras de la merde dans laquelle tu es ; c’est la seule solution et tu le sais» (Page 66).
– J’ai trouvé ce livre très dur et très touchant. Je me suis d’ailleurs efforcée de me mettre dans la peau de Laura, pour essayer de mieux la comprendre.
– C’est certainement pour cette raison que je n’ai pas compris, par exemple, le comportement de son petit ami Manu au début du livre. Comment a-t-il pu exiger une grande aide financière de Laura pour le logement et la nourriture, alors qu’il savait pertinemment qu’elle était sans argent ? De plus, la mère de Manu lui payait tout, à lui, et il osait encaisser l’argent de Laura pour se droguer ou sortir avec des amis. Je n’arrive pas à comprendre comment Manu ne s’est rendu compte de rien et pourquoi n’a-t-il pas essayé d’aider réellement Laura.
– Laura, il faut le préciser, n’a pas une vie facile. Mais elle fait tout pour s’en sortir. Pour elle, les temps sont durs : elle ne mange pas à sa faim, elle saute beaucoup de repas et elle maigrit de jour en jour. Elle perd rapidement une dizaine de kilos et s’accorde parfois une cuillère de Nutella, sorte de luxe l’aidant à retrouver des forces pour étudier.
– Mais ne croyez pas que Laura prend du plaisir à se prostituer, car c’est tout le contraire : «Je suis un corps mort étendu sur le lit» (Page 90). Laura emploie des termes forts pour nous décrire sa situation : «Je suis dépossédée de mon être, je ne me suis jamais sentie aussi loin de moi-même. Je n’ai plus de larmes pour pleurer, juste des nausées pour exprimer mon mal de vivre, des factures qui s’amoncellent pour me forcer à comprendre pourquoi je fais cela» (Page 114).
– Au-delà de cet aspect du livre, le lecteur voit Laura s’accrocher de toutes ses forces à ses études : «Les études sont mon refuge pour ne pas penser. Me rendre à la fac me permet de m’évader de chez moi, d’avoir un minimum de vie sociale» (Page 118).
– Nous apprenons également que Laura a des relations conflictuelles avec son père, que la mère de Laura lui donne dès qu’elle le peut des provisions pour que Laura puisse se nourrir un minimum, ou encore que Laura se séparera de Manu. Elle tentera aussi d’avoir une autre relation amoureuse, avec Olivier, mais quand ce dernier apprendra que Laura se prostitue, la relation s’arrêtera immédiatement.
– Laura parviendra à survivre grâce à ses études mais aussi grâce à l’écriture : «J’écris pendant des heures, en ne pensant plus à rien. Peu à peu, je me rends compte que j’exorcise tout le mal-être qui me ronge de l’intérieur» (Page 218).
– J’aimerais conclure cet article en vous dévoilant, une fois n’est pas coutume, la fin du livre. Laura arrivera donc à se sortir de la prostitution, tant bien que mal, mais comme elle le dit si justement : «Mon avenir reste donc incertain» (Page 228).
– Ce témoignage révèle au grand jour ce dont personne ne veut entendre parler. Pourtant, «Selon le rapport Dauriac sur la précarité économique des étudiants, 100 000 élèves de l’enseignement supérieur vivent sous le seul de pauvreté établi à environ 650€ par mois et par personne» (Page 244). Il serait temps de réagir !
°°° En résumé, ce livre choc devrait être lu par tous, afin de peut-être changer les choses, qui sait, il faut y croire.
~~ Et vous, que pensez-vous de ce fléau ?
~~ Et jusqu’où seriez-vous prêts à aller pour pouvoir faire des études ?
Je vous souhaite une bonne journée !
un sacré thème en effet…
Rien qu’en lisant ton article, j’ai eu la chair de poule. Je crois que je n’arriverais pas à le lire en entier… mais c’est bien qu’il existe et qu’il dénonce quelque chose de si monstrueux !
j’ai été choqué par une chose autre que le fait qu’elle se prostitue c’est l’attitude de son petit copain (ou
colocataire, je me souviens plus trop) pleurer pour une tranche de jambon j’ai trouvé ça pathétique !.
Mais, c’est vrai que ce livre m’a bouleversé, on ne sort pas indemne de cette lecture et on a envie de se révolter.
Un témoignage très touchant. C’est inadmissible ce qui arrive à Laura ! Que fait l’Etat pour éviter que ce genre de chose se
produise ?
Un témoignage bien écrit, agréable à lire malgré la dureté de ce qui arrive à l’auteur.